Le 21 mai dernier, la France a épuisé son stock de poissons pour l'année. Les pêcheurs sont aujourd'hui en mesure de combler seulement 38% de nos besoins. Pour Yves Paccalet, écologiste convaincu, revient sur les incohérences de nos pratiques de pêche et alerte sur le vide des océans que nous sommes en train de mettre en oeuvre.
(...)
"Depuis le fameux épisode biblique du lac de Tibériade, où Jésus remplit par miracle les filets de ses disciples, tous ceux qui vivent de la capture des poissons sont frappés par ce qu’on peut appeler le syndrome de la pêche miraculeuse. Ils oublient que, par définition, les miracles sont rares, et qu’en dehors de l’intervention divine, les lois de l’écologie pèsent sans aucune fantaisie sur les populations animales."
Au moment même où la ressource halieutique s’effondre, nous apprenons que les Français mangent de plus en plus de poisson. Ils pensent (à juste raison) que c’est bon pour la santé : une chair pauvre en lipides saturés (même chez les poissons qualifiés de "gras"), des oméga 3 utiles contre le cholestérol et pléthore de maladies, etc.
Les Français ajoutent que le poisson, c’est bon pour les papilles – varié, savoureux, avec (comme disent les biochimistes) de belles qualités organoleptiques.
La consommation mondiale de poisson ne cesse d'augmenter
Selon deux ONG (News Economics Foundation et Ocean 2012), les Français piscivores accroissent sans cesse leur consommation. Nous en sommes à 32,4 kilos par habitant et par an, contre 22,1 kilos pour l’Européen moyen. Le problème est que notre pays n’est pas autonome pour son approvisionnement en produits de la mer. Nos pêcheurs ne comblent nos besoins qu’à hauteur de 38%.
En d’autres termes, ce que nous pêchons en un an, nous l’avons déjà ingurgité le 21 mai. Le reste est à crédit, c’est-à-dire importé de l’étranger. Nous achetons ce que nous ne pêchons pas, au détriment de notre balance commerciale. Mais cette constatation n’est que de peu d’importance au regard d’une réalité bien plus désastreuse : la France et l’ensemble des pays pêcheurs de la planète sont en train de vider l’océan de ses ultimes richesses vivantes.
(...)
Nos poissons d’élevage sont des prédateurs analogues au lynx ou au tigre. Le résultat est que nous devons nourrir ces "troupeaux" avec une proportion majeure de farine de poisson, c’est-à-dire de poissons de taille moyenne ou petite, que nous allons capturer dans l’océan (au cours d’un genre de pêche que nous qualifions de "minotière"), et qui manquent à leur tour aux écosystèmes aquatiques…
Nous nageons dans l’absurde, mais nous serons peut-être les seuls à pouvoir nager dans la mer d’ici 25 ans. Souhaitons, pour conclure, bon appétit aux Français.
Conseillons-leur de profiter au mieux des dernières darnes et des derniers filets. Sans oublier, non plus, que tous les grandes espèces halieutiques sont devenues toxiques à cause de l’imprégnation de leurs tissus par les métaux lourds, les dioxines, les PCB et les antibiotiques.
Un article de Yves Paccalet, publié par Leplus.nouvelobs via comment va la belle bleue
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"Depuis le fameux épisode biblique du lac de Tibériade, où Jésus remplit par miracle les filets de ses disciples, tous ceux qui vivent de la capture des poissons sont frappés par ce qu’on peut appeler le syndrome de la pêche miraculeuse. Ils oublient que, par définition, les miracles sont rares, et qu’en dehors de l’intervention divine, les lois de l’écologie pèsent sans aucune fantaisie sur les populations animales."
Au moment même où la ressource halieutique s’effondre, nous apprenons que les Français mangent de plus en plus de poisson. Ils pensent (à juste raison) que c’est bon pour la santé : une chair pauvre en lipides saturés (même chez les poissons qualifiés de "gras"), des oméga 3 utiles contre le cholestérol et pléthore de maladies, etc.
Les Français ajoutent que le poisson, c’est bon pour les papilles – varié, savoureux, avec (comme disent les biochimistes) de belles qualités organoleptiques.
La consommation mondiale de poisson ne cesse d'augmenter
Selon deux ONG (News Economics Foundation et Ocean 2012), les Français piscivores accroissent sans cesse leur consommation. Nous en sommes à 32,4 kilos par habitant et par an, contre 22,1 kilos pour l’Européen moyen. Le problème est que notre pays n’est pas autonome pour son approvisionnement en produits de la mer. Nos pêcheurs ne comblent nos besoins qu’à hauteur de 38%.
En d’autres termes, ce que nous pêchons en un an, nous l’avons déjà ingurgité le 21 mai. Le reste est à crédit, c’est-à-dire importé de l’étranger. Nous achetons ce que nous ne pêchons pas, au détriment de notre balance commerciale. Mais cette constatation n’est que de peu d’importance au regard d’une réalité bien plus désastreuse : la France et l’ensemble des pays pêcheurs de la planète sont en train de vider l’océan de ses ultimes richesses vivantes.
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Nos poissons d’élevage sont des prédateurs analogues au lynx ou au tigre. Le résultat est que nous devons nourrir ces "troupeaux" avec une proportion majeure de farine de poisson, c’est-à-dire de poissons de taille moyenne ou petite, que nous allons capturer dans l’océan (au cours d’un genre de pêche que nous qualifions de "minotière"), et qui manquent à leur tour aux écosystèmes aquatiques…
Nous nageons dans l’absurde, mais nous serons peut-être les seuls à pouvoir nager dans la mer d’ici 25 ans. Souhaitons, pour conclure, bon appétit aux Français.
Conseillons-leur de profiter au mieux des dernières darnes et des derniers filets. Sans oublier, non plus, que tous les grandes espèces halieutiques sont devenues toxiques à cause de l’imprégnation de leurs tissus par les métaux lourds, les dioxines, les PCB et les antibiotiques.
Un article de Yves Paccalet, publié par Leplus.nouvelobs via comment va la belle bleue
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