jeudi 12 avril 2012

Phtalates : une future crise sanitaire ?

Après le BPA, les phtalates sont aujourd'hui dénoncés par le Réseau Santé Environnement pour leur caractère de perturbateurs endocriniens. Présents dans de nombreux produits quotidiens, ils imprègnent l'ensemble de la population puisqu'on les retrouve dans les contenants alimentaires, les jouets, les médicaments, les vêtements, les cosmétiques et certains matériaux comme le PVC. Six d'entre eux -sur plusieurs centaines de substances-, ont été jugés « plus préoccupants » et interdits pour la fabrication des jouets et articles de puériculture.



Il existe aujourd’hui 870 substances susceptibles d’être des perturbateurs endocriniens interférant, seuls ou en cocktail, avec le fonctionnement hormonal des êtres vivants. Parmi elles, les phtalates* (présents dans les contenants alimentaires, les jouets, les médicaments, les vêtements, les cosmétiques, le PVC, etc) sont fortement soupçonnés d’altérer les fonctions de reproduction masculine. Aujourd’hui, six d’entre d’eux sont interdits dans les jouets et les articles de puériculture au niveau européen, avec cependant une possible dérogation auprès de la Commission européenne. « L’enjeu n’est pas de faire interdire les molécules l’une après l’autre, il faut avoir une réglementation plus globale sur l’ensemble des perturbateurs endocriniens », a toutefois souligné André Cicolella, président du Réseau Santé Environnement lors d’une conférence à l’Assemblée nationale le 10 avril dernier.
C’est notamment ce que souhaite le sénateur américain démocrate John Kerry qui, dès 2009, a déposé un projet de loi pour interdire ces substances de manière transversale aux USA. Celui-ci stipule que « pour protéger l’embryon, le fœtus et le nourrisson pendant leurs phases de développement les plus vulnérables, le corps des parents doit être exempt de perturbateurs endocriniens avant la conception, pendant la gestation et durant la lactation ». Si en Europe comme aux Etats-Unis on est encore très loin d’une telle réglementation, les preuves scientifiques des impacts sanitaires des perturbateurs endocriniens commencent à s’accumuler à travers plusieurs études, qui ont pu démontrer leur effet sur la féminisation du jeune garçon, les malformations génitales masculines, et la diminution du nombre de spermatozoïdes. Pour la seule année 2011, 48 études ont été publiées, dont 25 ont établi un lien de cause à effet. Et récemment, une étude parue dans Human Reproduction a confirmé que des testicules d’adultes humains exposés in vitro à ces composants produisent 30 % de moins de testostérone que des testicules non exposés.



Altérations majeures des fonctions génitales masculinesRené Habert, directeur de laboratoire au CEA/Inserm, confirme qu’un homme « produit aujourd’hui 40% de spermatozoïdes de moins que son grand-père au même âge. Dans le même temps, les cancers testiculaires ont augmenté de 50%. Nous sommes face à des altérations majeures des fonctions génitales, qui s’expliquent par l’exposition aux phtalates  durant le stade fœtal critique, c'est-à-dire le moment où le fœtus produits des spermatozoïdes et où la masculinisation s’opère », explique-t-il. Ce constat a également été confirmé par le Dr Shanna H. Swan, vice-présidente du département de recherche de médecine préventive au Mount Sinaï School of Medicine (New York) « Les phtalates font chuter la production de testostérone, or en début de grossesse, ce phénomène a des conséquences majeures sur le développement des organes génitaux masculins, concernant la taille du pénis notamment », explique-t-elle. Selon Shanna H. Swan, 80 000 produits chimiques sont porteurs de ces perturbateurs endocriniens présents dans le sang et les tissus adipeux humains. Pour autant, ces produits « ne sont pas persistants, ce qui signifie que l’on peut développer des stratégies adéquates pour influencer leur présence, voire les éradiquer », ajoute-t-elle. Suite du texte

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